Lignes de fuite...

Ca fait maintenant presque une semaine que je suis à New York City...

Un peu difficile de se faire à la vie ici, le décalage horaire n'aide en rien... je me mets petit à petit à l'heure locale. Audric arrive demain, avec en tête une furieuse envie de faire de la fiction, tout comme je l'avais en arrivant, tant avant mon départ de France que dans l'avion, en survolant Manhattan, ou encore dans le taxi qui m'emmène de l'aéroport à chez Arthur... Chaque Objet, chaque coin de rue, chaque voiture ici donne le sentiment d'être dans un film, j'ai vu ces perspectives, ces taxis, ces bouches d'égouts et de métro des centaines de fois dans les salles de cinéma. Ca donne le sentiment qu'il suffirait d'appuyer sur "rec" pour faire un film... On a le sentiment étrange d'être dans un décors en permanence... A cette impression visuel, vient se rajouter le son, les klaxonnes New Yorkais, le vrombissement des climatisations, les mots en anglais qui s'entrechoquent et me paraissent si musicaux...

14 juillet à New York... un peu de chauvinisme... ou pas...

Ces jours, je me promène dans les rues, appareil au point, je photographie ce qui m'attire l'oeil, à savoir presque tout, je cherche à apprendre à cadrer cette ville, à la filmer, à me placer en face d'elle et de ses habitants afin de m'assumer pour les filmer, pour en transmettre certains aspects dans mon documentaire... Cette exercice me donne le sentiment d'être très difficile, je n'arrive pas à grand chose de bien en photo, j'ai beaucoup de mal à photographier des visages ou des regards, les gens sont très méfiants. Aussi, cette ville pourtant si géométrique et cinématographique me donne le sentiment d'être extrêmement dure à photographier, à enfermer dans un cadre, à hiérarchiser... J'ai l'impression de faire fausse route, que je n'arriverais à rien, à rien de bien en tout cas...

Le petit frenchy se sent un peu petit ici, un peu dépassé, un peu émerveillé et un peu intrigué, toutes ces lumières, ces couleurs et reflets. Ici la consommation s'expose à outrance, pleinement assumée, aux yeux de tous en 33 m par 42 sur les murs géants des grattes ciels. Les affiches du métro parisien paraissent bien petites ici... On t'aborde dans la rue sans raison, chaleureusement, je suis étonné à chaque rencontre, heureux de ces contacts amicaux, mais tout va très vite et en un éclair chacun reprend sa vie, les échanges de coordonnées n'arriveront pas à créer un lien suffisant, ces rencontres reste très souvent éphémères...

Ma volonté de rencontrer des gens et de nouer des relations sur le long terme est sans doute mise à mal... Je pense orienter mes portraits dans une démarche plus instantanée, pris sur le vif, la société New Yorkaise se prête volontiers à l'exercice, c'est autre chose pour se voir à long terme.

En exemple, ma rencontre avec Kenny Ryan, sur le pont de Brooklyn, très beau personnage à la vie mouvementée... Je ne sais pas si je réussirai à re-croiser sa route...

 
New York, NY (Raymond Depardon)
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